Journée tranquille d'un célibataire solitaire (Libre)

Diamond

Le groupe de célibataires à quitté les montagnes, afin de descendre dans la plaine, en prévision de l'hiver rigoureux attendant les jeunes entiers.

Le jeune entier bai était sur les hauteurs du plateau, le groupe de célibataires à ses côtés. L’hiver arrivait à grands renforts de flocons et de neige, qui recouvraient à présents les altitudes des territoires montagneux, revêtissant celle-ci d’un magnifique manteau blanc. Ses longs crins noirs de jais flottant au rythme des bourrasques de vent, le jeune mâle regardait le paysage d’un oeil attentif. Au loin, l’on apercevait les pics montagneux revêtis d’une couche neigeuse, puis, en dessous de la montagne où était placé Diamond, une étendue de cristaux blancs semblant s’étendre à l’infini. L’entier brun rosé poussa un long soupir, puis gratta le sol, à la recherche d’une pousse d’herbe. Derrière lui ce trouvait un superbe entier palomino, qui n’était autre que son grand frère, Teck, accompagné d’un mâle noir et d’un pie bai. Le froid hivernal remplissait le cheval bai d’envie de dépenser son trop-plein d’énergie, de dévoiler sa fougue, et des étincelles le parcourait de tout son corps.
Sans crier gare, il partit au galop, la tête levée, les oreilles pointées, la queue en panache, les membres levées bien haut, dans la poudreuse immaculée. Il secoua la tête, puis se détendit le dos en donnant trois coups de culs, suités de plusieurs sauts de moutons. Les cristaux scintillants s’accrochaient à sa robe et à ses crins, puis, la neige étant un élément éphémère, fondirent. Derrière lui, il entendait une furieuse galopade, déclenchée par les autres célibataires. Tout d’un coup, le groupe s’arrêta en plaine forêt, léchant la neige afin de boire l’eau contenue par celle-ci. Diamond s’ébroua, imita ses acolytes, puis entreprit de rechercher les dernières pousses d’herbe en grattant l’épais manteau blanc de ses sabots délicats.

I Sunshine I

La jeune jument trottait tranquillement dans l'étendue glacée, sa robe d'un doré éclatant s'illuminant tel une flamme dorée par les rayons du timide soleil d'hiver. La fraîche brise de la saison hivernale caressait par bourrasques le poil d'hiver de la jument, et ses crins noirs de jais flottaient au rythme capricieux du vent glacial. La profonde poudreuse laissa soudain place à un sentier de neige dure et de verglas parsemée d'épines de pins, qui traversait une forêt remplie de sapins dont les branches étincelaient sous leur manteau de neige, et d'hêtres tardifs. La jument dorée s'arrêta, l'oeil vif et attentif, puis huma l'air. Elle sentit l'odeur d'un groupe de mâles, un grand nombre de mâles, puis recommença à trottiner, observant la nature commençant à s'endormir à la venue de l'hiver. Soudain, le calme de la nature fut perturbé par une furieuse galopade, et la jument prise de panique, galopa du plus vite qu'elle pût, manquant de s'étaler à maintes reprises sur les plaques de verglas. Tout d'un coup, le bruit s'arrêta, et la nature replongea dans sa monotonie silencieuse. La jument dorée s'arrêta, enleva dans un souffle une mèche rebelle de ses yeux, puis recommença à marcher, un peu plus méfiante. Un peu plus loin, elle déboucha dans une vaste clairière, où était postés une dizaine de célibataires, léchant la neige afin d'en retirer de l'eau. Elle se rendit compte, à la vue de leur pelage maculé de transpiration, que c'était eux, les déclencheurs de la galopade qui lui avait fait si peur. Un peu en retrait se tenait un magnifique mâle brun rosé, qui grattait le sol de ses sabots noirs éclatants. Il était si beau, avec sa carrure de cheval arabe, et avec sa robe si peu commune. Elle s'approcha de lui, de sa démarche la plus gracieuse et la plus légère qui soit, se planta devant lui, qui leva vers elle des yeux admiratifs.